Voilà plus d’une année que nous vivons, ma petite famille et moi, dans une sorte de paradis (ou en tout cas de l’idée que nous nous en faisons): une maison mitoyenne au bord de la rivière, seulement séparées par quelques dizaines de mètres où trônent de majestueux arbres rythmant l’année: l’hiver, la neige leur donne un air féérique; au printemps ils abritent les oiseaux qui accompagnent nos journées de leurs chants; ils nous invitent, durant l’été à s’ombrager tout en trempant nos pieds dans l’eau; et l’automne leur colore sublimement leurs feuilles …  Et à chaque saison il est possible d’emprunter, à pieds, en vélo ou à cheval le chemin pour longer sur plusieurs kilomètres la Gérine, du nom de cette petite rivière fribourgeoise. Une balade – qui fait une boucle grâce aux passerelles enjambant la rivière – permettant de se changer les idées, de se ressourcer. 

Malheureusement ce tableau idyllique est quelque peu terni par des abrutis (« des » puisque j’ai du mal à imaginer une personne seule faire ce genre de choses et « abrutis » parce que je suis poli...) qui pensent que taguer des messages de haine sur des murs ou des panneaux devant lesquels passent quotidiennement beaucoup de monde est « fun ». Fait rire les copains-copines. Est légal. Va amuser les promeneurs. Ou que sais-je encore.

Seulement voilà: au-delà de l’illégalité de l’acte, je trouve cela malsain et choquant. A vomir. On pourrait le mettre sur le compte de la jeunesse (pour autant que les auteurs soient considérés comme tels), mais elle n’est pas une excuse. Faire des conneries, ok! Penser des choses horribles et qui sortent du cadre légal (comme « tuer des homosexuels »), hum… à la limite, chacun étant libre de penser comme bon lui semble… Mais l’écrire, NON! Et l’écrire en couleurs et en grand sur le domaine public, encore moins! Non, ce n’est pas à mettre sur le compte de la jeunesse, mais plutôt sur celui de la connerie et du manque d’éducation.

Passant régulièrement à cet endroit, sous ce pont situé à 300 mètres de chez moi, je me suis parfois demandé ce que j’allais en faire lorsque je le photographierais. Ce jour-là est arrivé et j’ai proposé, sur ma page Facebook, qu’un artiste de la région vienne recouvrir ces tags pour en faire quelque chose de « beau » et « d’acceptable ». Un seul (qui n’est pas de la région) s’est montré intéressé (moyennant, et je le comprends, une participation aux frais passablement élevés), mais surtout plusieurs personnes m’ont mis en garde contre le côté illégal de recouvrir un tag, « même un tag haineux ». Soit. Je le savais déjà mais je me demande juste à quel moment une quelconque autorité osera (me) punir pour avoir voulu faire disparaitre des messages incitant à la haine et au meurtre (puisque c’est bien de cela qu’il s’agit, non?) qu’elle a laissé des mois (des années) sur ses murs, au vu et au su de tous. Ne dit-on pas généralement « Qui ne dit mot consent »? Autrement dit: une commune quelle qu’elle soit – et je sais que celle de Marly véhicule de bonnes et belles valeurs – me parait responsable des messages qui se trouvent sur ses murs.

Pour en revenir à ces messages, celui du panneau (cf image 3) est tout aussi choquant (voir plus, vu le contexte) que les autres: pendant des mois je l’ai vu aux abords des terrains de sports de la commune. Là où des centaines d’enfants viennent chaque semaine pour s’entrainer, jouer, pour passer du temps. Là où des familles se baladent. J’ai été le photographier aujourd’hui pour illustrer cet article et, fort heureusement, le temps (ou une personne bien intentionnée) a plus ou moins fait son oeuvre puisque l’écriture est devenue un peu moins lisible. On peut toutefois encore deviner le mot « homos » qui avait été ajouté…

Alors aujourd’hui j’en suis là car d’après moi l’art a sa place dans la rue, au contraire de la haine de l’autre: soit je laisse ces tags tels quels et j’alerte la commune au risque qu’ils aient bien d’autres chats à fouetter avant de s’occuper de ça; soit je m’achète une bombe de peinture bleue et je vais moi-même transformer de manière très simple ces messages dans les prochains jours. 

Pour l’instant, j’envisage plutôt la solution numéro 2…