Jérôme – [gueule(s)!]

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« La culture n’est pas juste une passion. Mesdames et Messieurs les décideurs, prenez-nous au sérieux! »

Jérôme, technicien lumière dans le monde du spectacle.

Jérôme est technicien lumière depuis une dizaine d’années et travaille pour plusieurs artistes (Stress notamment), des salles de concert (Fri-Son) ou encore des festivals (Estivale Open Air). Le monde de la culture est un de ceux qui paie le plus lourd tribut à la crise sanitaire et économique actuelle. Jérôme nous explique sa situation:
« Je travaille à 20% comme indépendant avec ma propre boîte, à 30% à Fri-Son et je suis actuellement à 50% au chômage. Mais aujourd’hui, je suis complètement à l’arrêt. Depuis mars 2020 je n’ai quasiment plus eu de demande pour des prestations. Mon agenda est vide, mis à part les reports de concerts de 2020 dont on ne sait pas s’ils auront lieu en 2021. J’ai juste pu sortir 2 offres récemment, mais pour des évènements complètement incertains.
Si je prends mon cas particulier, je ne peux pas me plaindre de l’état car au final j’ai bien été aidé, contrairement à d’autres. Par contre j’ai dû me battre. J’ai fait beaucoup de lettres, car dès septembre les APG ont été coupées et la caisse de compensation souhaitait attendre le feu vert de la Confédération pour nous les verser ou non. Mais comme bien d’autres personnes, je ne pouvais pas attendre. Les factures à payer arrivent tous les jours et, sans aides, l’écart était trop grand et je me suis donc souvent retrouvé en manque de cash flow. J’ai donc contacté directement certain(e)s politicien(ne)s et là, j’ai enfin été entendu et les choses ont miraculeusement avancées.

Lorsque je demande à Jérôme s’il craint pour l’avenir de son métier et l’avenir de la culture en général, il se veut optimiste: « Pour la culture, à un moment donné cela va reprendre, c’est sûr! Par petites étapes, donc certainement avec des évènements à perte… Prévoir des évènements à long terme ne va pas être possible, car l’incertitude et la menace d’une nouvelle fermeture sera encore là un moment! Ce sera du mois par mois, sans prendre de risques.
Et lorsque le retour à la normale arrivera, cela sera dur pour nous! Car si tous les évènement reportés d’une année à l’autre s’ajoutent à la programmation de l’année en cours, on se retrouvera à un moment donné avec un planning trop chargé. Attention, je ne me plains pas car on aura un jour ou l’autre beaucoup de travail et ça va être super! Mais on n’aura pas assez de techniciens, pas assez de ressources pour assumer cette charge de travail.
Mais les gens de la culture veulent travailler! Pour preuve, à la fin du premier confinement, nous avons tellement eu l’envie de travailler que nous avons trouvé sans soucis une équipe de techniciens pour venir m’aider à éclairer la cathédrale de Fribourg dans le cadre du coup de gueule du milieu de l’événementiel, « Night Of Light ».

Pour donner un exemple concret sur les reports, je travaille pour Stress en tant que technicien lumière. En 2020 nous avions à peu près 20 dates de programmées. Nous avons pu en faire 6 sur toute l’année. Toutes les autres sont donc reportées à 2021, dont les premières en avril. Mais je n’y crois pas. En avril, on ne pourra certainement pas investir les salles de concerts, à moins qu’elles soient d’accord d’abaisser leur capacité d’accueil à 300 personnes, et pour autant que les mesures aillent dans ce sens-là. Nous l’avons déjà fait à Fri-Son en 2020. Mais ce qu’il faut savoir c’est que c’est 300 personnes maximum par soirée et non pas 300 personnes en même temps dans la salle. Pour des soirées avec plusieurs concerts, il se peut alors qu’il y n’ait que 100 personnes pour le premier concert, 250 pour le deuxième et 150 pour le troisième, alors que nous devons afficher « sold-out ». Ce n’est pas viable.

Pour en revenir à la culture, oui elle a pris un coup, c’est certain. Mais je pense que cela a fait ouvrir les yeux à beaucoup de gens qui ont pu voir à quel point notre métier peut être fragile et ne fonctionne pas comme tout autre métier. C’est évidemment notre choix de travailler dans la culture, de devoir se battre constamment pour chaque centime, de vivre avec la concurrence de l’autre technicien qui demande moins que toi tout en sachant toutes les charges que tu dois payer toi-même.
Mais je pense que beaucoup de monde se rend compte que le système actuel ne va pas, qu’il faut le changer. J’espère juste que le monde de la culture se fait actuellement entendre! Car ce que nous faisons n’est pas juste une passion. C’est une bonne partie du PIB, c’est une partie qui fait vivre d’autres milieux de l’économie avec par exemple les nuitées d’hôtel. Mesdames et Messieurs les décideurs, comprenez que nous sommes aussi là! Prenez-nous au sérieux! »

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